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15 décembre 2012

J'ai peur - ou de l'éloge des illustres pseudonymes...

   Dans J'ai peur, l'auteur de Lila dit ça avait continué à me séduire par la justesse de sa phrase. Un ton dans lequel je retrouvai un peu du narrateur Momo de La Vie devant soi. Une fraîcheur, une candeur qui n'abolissaient pas pour autant les rigueurs de la réalité sociale contemporaine...

« De nouveau cette odeur autour de moi. L'odeur des pauvres. Moi qui croyais qu'elle s'éloignait dans un bon coup de vent, je replonge.

   C'est une odeur vraiment de naissance la pauvreté, ça se colle à ta peau au moment où tu mets le nez dehors, putain dit le bébé si j'avais su je serais pas sorti, et ça te quitte plus, c'est la plus forte odeur du monde et ça coûte pas cher en plus, et tu auras beau te laver gratter rincer, te racler le cuir avec des pierres tendres, te frotter aux arbres au printemps, te rouler dans les champs de fleurs, te taper la tête contre les roses, l'odeur elle s'accroche et même à l'intérieur tu peux trimer courir crier comme un loup, partir en procession avec des pancartes, maudire le diable et bécoter les pieds des saints dans les églises, toujours l'odeur toujours avec toi la mauvaise, même dans ton cercueil tu sentiras la pauvreté. »

Chimo, J'ai peur, éditions Plon, p. 21

Plus de précisions sur l'énigme Chimo et sur l'auteur se cachant sous ce pseudonyme:

http://rdereel.free.fr/volDZ1.html

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