Dignitas et Gravitas...
Mélenchon: Les journalistes sont de "petites cervelles"
envoyé par ecoledejournalisme. - L'actualité du moment en vidéo.
Aujourd'hui c'est plein de compassion envers ceux qui se destinent à une carrière de journaliste que je mets en ligne cet "affrontement" avec un représentant de la classe politique parmi d'autres... Celui qui invoque les maximes héritées de la langue de César ou Cicéron est le même que celui qui refuse de parler du rôle des prostituées, de la réouverture des maisons closes, comme l'aura fait une certaine presse au sortir des élections régionales...
Heureusement la fiction, enrobée du pseudonyme et de la mystification légendaire, assume pleinement ce rôle inconfortable de défense et de réhabilitation des "bonnes putes".
«[…] je me rends parfois chez les
bonnes putes, et j’emploie ce mot dans son sens le plus noble, avec
toute mon estime et ma gratitude, lorsqu’on prend soin de moi. […]
- Mon
pauvre chéri.
J’aime. J’aime qu’on me dise mon pauvre souris… chéri,
je veux dire. Je sens que je fais acte de présence.
Elle ajoute
souvent :
- Enfin, tu as un regard. Au moins, avec toi, on se fait
regarder. C’est pas seulement l’endroit. Allez, viens que je te lave le
cul.
[…] On me dit que ce n’était pas comme ça autrefois. La
patronne du tabac rue Vialle, à qui je m’en suis ouvert, offrit une
explication :
- C’est à cause des roses. Leurs feuilles sont roses
comme les pétales du même nom, d’où image poétique, feuille de rose.
C’était moins demandé de mon temps, mais le niveau de vie a augmenté, à
cause de l’expansion et du crédit. Les richesses sont mieux réparties et
plus accessibles. Oui, c’est le niveau de vie qui fait ça. Tout
augmente et l’hygiène aussi. Les gâteries réservées aux privilégiés sont
mieux réparties, on accède plus facilement. Et puis, il y a la prise de
conscience, la banalisation, la rapidité, aussi, pour aller droit au
but sans complications. De mon temps, par exemple, une jeune femme vous
demandait avec tact pour suggérer : « Je te lave, mon chéri, ou tu le
fais toi-même ? » et ça se passait debout, au-dessus du lavabo, elle
vous savonnait la verge et vous l’amusait en même temps, pour
l’accélérer. C’était très rare qu’elle vous lave le cul d’autorité,
c’était pour les privilégiés. Maintenant, c’est l’hygiène avant tout,
parce que ça fait assistante sociale et prise de conscience. Elle vous
fait asseoir sur le bidet et vous lave le cul d’office, parce que le
niveau de vie est monté et c’est accessible à tous. Vous pouvez vous
informer : c’est venu seulement il y a quinze, vingt ans, avec
l’accessibilité générale de tous aux fruits du travail et de
l’expansion. Avant, jamais une pute ne vous savonnait l’anus. C’était
exceptionnel, pour les connaisseurs. Maintenant, tout le monde est
connaisseur, on sait tout, à cause de la publicité, on sait ce qui est
bon. La publicité met la marchandise en valeur. Le luxe, la feuille de
rose, c’est devenu de première nécessité. Les filles savent que le
client exige la feuille de rose, qu’il est au courant de la marchandise,
de ses droits. […]»
Romain Gary (Emile Ajar), Gros-Câlin, Editions Gallimard/Folio, 1974.